Sida : traduire en réalité les progrès de la recherche

La conférence de la Société internationale du sida (IAS) s'est ouverte à Sydney avec un appel à faciliter l'accès dans les pays les moins nantis aux progrès réalisés par la recherche dans les traitements et la prévention.
"La science nous a donné les outils pour prévenir et soigner le VIH de manière efficace... Le fait que nous n'ayons pas encore mis cela en pratique est un échec dont la communauté internationale devrait avoir honte", a déclaré le président de l'IAS, Pedro Cahn, en ouvrant dimanche la quatrième conférence de la société. L'IAS réunit mille experts dans le monde.

M. Cahn a souligné que, dans les pays à revenus faibles ou moyens, un tiers seulement des séropositifs recevaient des traitements efficaces. La proportion est encore plus faible pour l'accès aux préservatifs et aux seringues stériles.

La conférence, qui s'achève demain, rassemble 5.000 délégués. Elle doit faire le point sur une nouvelle génération de médicaments contre le sida à la fois plus efficaces et qui ont moins d'effets secondaires que les anti-rétroviraux.

La réunion doit aboutir à la signature d'une "Déclaration de Sydney" visant à faire pression sur les gouvernements et les donateurs afin que soient alloués à la recherche 10% supplémentaires des fonds consacrés à la lutte contre le sida.

Un scénario optimal pour l'immunité de patients

Les personnes répondant bien au traitement antirétroviral contre le sida peuvent espérer voir un marqueur-clé du système immunitaire revenir à la normale, si leur trithérapie dure assez longtemps, selon une étude publiée jeudi par la revue médicale britannique The Lancet.

"Nos résultats sont seulement généralisables aux patients ayant une réponse optimale à la thérapie antirétrovirale et doivent en conséquence être considérés comme le meilleur scénario possible", expliquent le Dr Amanda Mocroft (Londres) et ses collègues européens et argentins.

L'examen de ce scénario optimal a porté sur 1.835 patients séropositifs inclus dans la large étude européenne EuroSida (14.262 patients) venant d'entamer une trithérapie et répondant bien au traitement, puisque que la quantité de virus dans le sang (charge virale) est descendue au dessous du seuil de 50 exemplaires du virus par millilitre de sang.

Au début du traitement, les patients avaient en moyenne un taux de lymphocytes CD4, un type de globules blancs marqueur-clé de l'immunité, d'environ 204 par millimètre cube de sang, alors que le taux normal est supérieur à 500.

La capacité d'un patient séropositif à éviter les maladies opportunistes (tuberculose, champignons...) et la mort est liée à son taux de CD4, des acteurs importants du système immunitaire. Des recherches antérieures laissaient entendre que le taux de CD4 plafonnait après des années de traitements. Ces nouveaux résultats montrent que l'amélioration peut se poursuivre durablement jusqu'à un retour à la normale ou presque.

La plus grande augmentation moyenne annuelle de taux de CD4 (+ 100 cellules par mm3) est observée la première année de traitement. Des augmentations annuelles plus faibles surviennent jusqu'à 5 ans après le début du traitement.

Pour les patients qui avaient un faible niveau de ces globules blancs au départ (inférieur à 200), il y a même eu des "hausses significatives" après 5 ans de traitement. Et des patients ayant démarré avec 350 CD4 ont retrouvé au bout de 3 ans de traitement un taux voisin de celui des personnes non infectées par le virus du sida (VIH).