POLITIQUE. --Roselyne Bachelot, actuellement sur la côte basque, prépare le plan pour l'Assurance maladie et reste ferme sur la franchise médicale
« Qui ne peut pas payer 4 euros par mois ? » : Recueilli par Jean-Pierre Deroudille
Roselyne Bachelot, à Biarritz. « On devra responsabiliser les malades »
La ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, actuellement en vacances à Biarritz, répond aux questions de « Sud-Ouest ».
« Sud-Ouest ».
M. Sarkozy n'a-t-il pas accentué le côté présidentiel des institutions ? Roselyne Bachelot : Je vais fêter demain mon appartenance au gouvernement de François Fillon. Les conséquences du passage du septennat ont été définitivement tirées. Le second mandat de Jacques Chirac s'était inscrit dans la continuité de l'ancienne Constitution. La simultanéité de l'élection présidentielle avec les élections législatives donne des couleurs nouvelles aux institutions, et c'est la première fois qu'on en tire toutes les conséquences. Le rideau n'a fait que se lever sur une réalité qui existait auparavant, c'est-à-dire que le président de la République élu au suffrage universel est le chef de l'exécutif. Ceci ne veut pas dire que le Premier ministre ne joue pas un rôle capital. Je le constate tous les jours. Il a des qualités complémentaires avec le président de la République.
SO : Cécilia Sarkozy joue aussi un rôle. Témoignera-t-elle devant la commission d'enquête sur la Libye, comme certains l'ont demandé ? Le président de la République et le Premier ministre ont donné leur accord à cette commission d'enquête. A partir de ce moment, chaque citoyen français dont le témoignage est demandé par cette commission d'enquête doit y répondre. Si Cécilia Sarkozy est sollicitée, je suis sûre qu'elle aura à coeur de s'y rendre.
SO : Arnaud Montebourg s'est inquiété de savoir qui payait les vacances de Nicolas Sarkozy. Je ne fais pas de commentaires sur ce sujet. Je pense que le PS et ses porte-parole sont tout à fait en déliquescence pour placer le débat politique à ce niveau. Je suis consternée.
SO : Parlons sport avant que Bernard Laporte n'entre au gouvernement... Je resterai toujours ministre des Sports, il sera mon secrétaire d'Etat.
Cette année, le Tour de France, avec toutes ces affaires de dopage, n'a-t-il pas donné une image déplorable du sport ?
J'ai suivi deux étapes du Tour, et j'ai vu des millions de Français au bord des routes. Sa popularité n'a pas été démentie. C'est une épreuve qui est aimée pour elle-même avant d'être aimée pour les sportifs. Ensuite, le dopage n'est pas nouveau dans le Tour de France. C'est justement au moment où il y a vraiment une lutte contre le dopage qu'on en parle. Il y a eu 400 contrôles sur le Tour et la plupart ont été négatifs. Ces affaires se sont révélées justement parce qu'on combat le dopage.
SO : Il y a aussi des sports où l'on pratique peu de contrôles comme le rugby ? Il y a des cultures différentes. Des sports où l'on s'est plus dopé, c'est pour cela que la lutte y a été entamée. Il y a des disciplines où l'on se dope moins, mais il faut qu'on se montre vigilants dans tous les sports. La France s'y est engagée en signant la convention de l'Unesco contre le dopage, en adhérant à l'Agence mondiale contre le dopage, en créant une Agence de lutte contre le dopage (AFLD) qui assurera d'ailleurs les contrôles de la Coupe du monde de rugby.
SO : Vous êtes d'abord ministre de la Santé. Les franchises de remboursement ont semblé peu équitables. Je vous arrête immédiatement. Les bénéficiaires de la couverture maladie universelle, les femmes enceintes et les enfants en sont exemptés, ce qui représente dix millions de personnes dans notre pays. Ensuite, ces franchises servent à financer les trois priorités du président de la République : le plan Alzheimer, la lutte contre le cancer et les soins palliatifs. Tout le monde est d'accord sur ces priorités. Les finance-t-on en laissant dériver les comptes publics, alors que l'Assurance maladie a un déficit de 6,5 milliards d'euros cette année ? Ou bien réfléchit-on à une prise en charge qui représentera au pis 4 euros par mois ?
Quelle est la personne qui ne peut pas payer 4 euros par mois sur des objectifs aussi importants ?
SO : En matière d'Assurance maladie, serez-vous la ministre d'un nouveau plan de redressement ? Dès mon arrivée à ce ministère, j'ai été alertée sur une nouvelle dérive des comptes. On ne peut plus se contenter d'un plan d'urgence. Avec le gouvernement, nous menons quatre grandes réformes de fond qui aboutiront en 2008-2009. D'abord, nous allons poser la question du financement, c'est le travail qui a été demandé à Eric Besson sur la TVA sociale.
SO : Cela veut-il dire que la TVA sociale sera mise en oeuvre ? Non, non, non ! Un travail de réflexion a été demandé, je ne présume pas des solutions. Ensuite, j'ai demandé à Bertrand Fragonard (1) de réfléchir sur le « bouclier social », à partir d'une idée de Martin Hirsch. Le « reste à charge » pour les bénéficiaires des prestations serait fonction des revenus.
Troisième réforme, la transformation des Agences régionales de l'hospitalisation en Agences régionales de santé. Celles-ci gèrent le secteur hospitalier sans le mettre en relation avec la médecine de ville et le médico-social. On en mesure les inconvénients avec la crise des urgences. Finalement, on devra responsabiliser les malades à travers le dossier médical personnel partagé qui permettra de le transmettre à tous les médecins ayant affaire à un malade, permettant d'éviter de refaire des examens inutiles.
(1) Président de la deuxième chambre de la Cour des comptes.
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Corinne Taéron
TRT-5