Infection à VIH/sida et antirétroviraux : influence du sexe et de l’appartenance ethnique sur le risque d’effets secondairesEtre afro-américain ou être une femme pourraient influencer le risque d’apparition d’effets secondaires suite à un traitement antirétroviral dans le cadre d’une infection à VIH/sida. Une étude américaine publiée en avril semble montrer que les noirs américains auraient un risque plus grand de faire des complications cardiovasculaires, rénales et psychiatriques liées aux antirétroviraux et que les femmes développeraient plus souvent une anémie sévère suite au traitement.
L’étude FIRST est l’essai clinique randomisé le plus vaste incluant des patients infectés par le VIH/sida, naïfs de traitement antirétroviral et incluant un nombre suffisant de femmes et de patients appartenant à des minorités ethniques. Sur les 1301 participants, 701 étaient noirs, 225 hispaniques et 263 étaient des femmes. Les patients prenaient un traitement comprenant soit un inhibiteur de protéase (PI), soit un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (NNRTI), soit une association PI et NNRTI. Ils ont été suivis pendant 5 ans sur les critères suivants :
l’apparition d’effets secondaires de grade 4 (menace vitale pouvant entraîner le décès, activité quotidienne très limitée ; nécessité d’une intervention médicale ou d’un traitement correcteur, presque toujours en milieu hospitalier) ;
l’interruption du traitement ;
les causes de mortalité.
Cette étude a montré les résultats suivants :
409 cas de survenue de complications de grade 4 ;
176 morts ;
523 interruptions de traitement pour toxicité ;
un risque cardiovasculaire plus élevé chez les noirs américains (HR =2,64, 95%Ci : 1,04 à 6,67) ;
un risque de complications rénales plus élevé chez les noirs américains (HR =3,83, 95%Ci : 1,28 à 11,5) ;
un risque de complications psychiatriques plus élevé chez les noirs américains (HR =2,45, 95%Ci : 1,13 à 5,3) ;
un risque plus élevé d’anémie chez les femmes (HR =2,34, 95%Ci : 1,09 à 4,99) ;
une tendance moindre à changer de traitement du fait des effets secondaires chez les noirs américains.
Cependant les auteurs pointent le fait que les personnes afro-américaines présentaient un taux de CD4 plus bas à l’initiation du traitement et une plus forte prévalence de pression artérielle élevée. Ces facteurs pourraient contribuer au risque plus grand de complications cardiovasculaires et rénales constaté dans l’étude.
En conclusion, les auteurs recommandent aux praticiens de tenir compte des risques cardiovasculaires, rénaux , psychiatriques et d’anémie au moment du choix du traitement antirétroviral chez un sujet féminin ou de type afro-américain. Cette précaution pourrait permettre de minimiser le risque de survenue de complications du traitement et d’optimiser la survie.
Rappelons que l’intérêt de la communauté médicale s’est essentiellement centré sur la prise en charge des femmes séropositives enceintes et très peu sur la femme infectée par le VIH d’une façon générale. Les essais cliniques confirment la sous-représentation des femmes. En effet, leur inclusion dans les études n’a été recommandée qu’en 1993, craignant que la grossesse et les variations hormonales ne provoquent des variations dans les résultats