WASHINGTON - Une prophylaxie anti-rétrovirale prolongée réduit nettement le risque d'infection par le VIH, responsable du sida, chez des enfants africains nourris au sein par des mères séropositives, selon une étude clinique conduite au Malawi dont les résultats ont été publiés mercredi.
Dans tous les pays pauvres, les nouveaux-nés d'une mère infectée par le virus responsable du sida (Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise) reçoivent une simple dose de névirapine (NVP) plus de la zidovudine (ZDV) pendant une semaine, deux anti-rétrovirus, pour empêcher la transmission du VIH.
Les résultats de l'essai clinique conduit par des chercheurs de la faculté de médecine de l'université Johns Hopkins (Maryland, est) et de l'école de médecine de l'université du Malawi, montrent que le fait de prolonger cette prophylaxie antirétrovirale peut nettement réduire le risque de transmission du VIH de la mère à l'enfant, soulignent les auteurs dont les travaux paraissent dans l'édition en ligne du New England Journal of Medicine (NEJM).
L'essai clinique du Malawi baptisé PEPI (post-exposure prophylaxis of infants), a été conduit avec 3.016 enfants nés de mères séropositives.
Les enfants et leurs mères ont été suivis pendant deux ans. Tous les nouveaux-nés ont eu les soins prophylactiques standard à savoir une simple dose de névirapine et un traitement d'une semaine de zidovudine.
Une partie de ces enfants a été ensuite traitée pendant 14 semaines avec du névirapine tandis qu'un autre sous-groupe a reçu durant la même période les deux anti-rétroviraux combiné, névirapine et zidovudine.
Durant toute la durée de l'essai clinique et de son suivi, les enfants qui ont bénéficié d'une prophylaxie prolongée avaient des taux d'infection par le VIH quasiment deux fois plus bas que ceux ayant eu le traitement standard.
A neuf mois, 5,2% des enfants traités pendant 14 semaines avec de la névirapine et 6,4% de ceux ayant bénéficié de la combinaison des deux anti-rétroviraux durant la même période, ont été infectés avec le VIH transmis par leur mère comparativement à 10,6% pour ceux du groupe ayant eu la prophylaxie courte habituelle.
La fréquence à laquelle les mères ont allaité leurs enfants était la même dans les trois groupes, précisent ces chercheurs.
Une seconde étude clinique publiée mercredi dans la version en ligne du NEJM et conduite en Zambie avec 958 femmes séropositives et leur nouveau-né montre que l'allaitement au sein paraît améliorer la survie des enfants infectés avec le VIH par leur mère.
La moitié de ces femmes ont exclusivement nourri leur enfant au sein pendant quatre mois avant de poursuivre avec du lait en poudre tandis que l'autre moitié des femmes ont continué à donner le sein à leur bébé aussi longtemps qu'elles le souhaitaient.
Près de 70% des enfants du premier groupe avaient cessé d'être nourri au sein à cinq mois tandis que dans le second groupe, l'âge a varié de cinq à 24 mois, précise Louise Kuln, de l'Université Columbia à New York, principal auteur de l'étude.
Dans le premier groupe 76,1% des enfants ont survécu jusqu'à 24 mois comparativement à 75,4% dans le second.
Ces deux études ont été financées par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH) et les Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies.