L’annulation de la dette pourrait changer le mondeEn 1985, peu de temps après avoir participé au concert Live Aid, qui avait permis de rassembler plus de 200 millions de dollars en faveur de la lutte contre la famine en Afrique, la star de rock irlandais Bono et son épouse Ali, se rendaient en Ethiopie. Sur place, ils passèrent cinq semaines à travailler au côté d’une association chrétienne du nom de World Vision dans un orphelinat et dans le cadre d’un programme de distribution alimentaire. le chanteur leader de U2 voulait avant tout apprendre ce qu’il en était de la misère te de la famine. Ce qu’il vit semblait au-delà de tout ce que l’on aurait pu imaginer : un pays de personnes fières presque royales réduites à la misère la plus extrême. Se souvenant de ce voyage, Bono parlait avec Brian Williams de NBC News de ce que c’était que de "se réveiller dans l’Ethiopie du nord alors que la brume se dissipait pour voir arriver des personnes qui avaient marché toute la nuit durant, par milliers, jusqu’à un poste alimentaire et supplier pour un peu de nourriture, supplier pour leur vie."
Quand l’heure de partir fut venue, Bono dit à Ali que jamais il n’oublierait ce qu’il avait vu en Ethiopie. "Bien sûr que tu oublieras", lui avait-elle répondu.
Elle avait raison. Il existe des problèmes bien trop grands même pour une rock star qui puissent se résoudre. Malgré ses meilleures intentions, le défi de la pauvreté était quelque chose que le Bono de 20 et quelques années n’était pas en mesure de gérer. Aussi, Bono retourna-t-il à sa vie "normale" dans le monde industriel. Il se perdit dans le travail et la famille, sortant ses pensées de l’Ethiopie de son esprit.
Comme de nombreux chrétiens qui essaient de parler de la misère mondiale, Bono compris que les problèmes que les pauvres affrontaient paraissaient insurmontables. Un milliard de personnes vit avec moins d’un dollar par jour. De nombreux gouvernements et économies dans ces pays pauvres sont dans le chaos. Le sida, la famine, la malaria, l’eau potable contaminée et la maladie conspirent à tuer des millions d’entre eux chaque année. Selon un rapport de la World Health Organization, 22.000 personnes meurent chaque jour en raison de la misère ce qui peut être prévenu.
Les personnes qui vivent avec moins d’un dollar par jour souffrent d’"extrême pauvreté". Ils ratent plus de repas qu’ils n’en prennent et vivent dans des taudis sans même un toit ou une cheminée qui sont les bases d’une maison. Ils manquent de vêtements de base tels que des chaussures, n’ont pas d’eau potable ou l’accès au sanitaire et n’ont que très peu pour ne pas dire pas du tout de soins médicaux ; les enfants vont rarement à l’école, là encore pour ne pas dire jamais ; les bébés meurent suivants des taux significativement très élevés ; et l’absence de nutrition adéquate fait qu’un enfant de 10 ans est aussi menu qu’un Américain de 7 ans. La misère extrême signifie que la vie est une constante lutte pour assurer la survie et qu’ils sont bien trop nombreux à succomber dans cette lutte. Comme William Easterly, un ex-économiste de la banque mondiale l’a dit : la pauvreté ce sont "des bébés mourants, des enfants affamés, l’oppression des femmes et la tyrannie."
Pour mettre les chiffres en perspective, considérez ceci. En 1981, plus de 1.4 milliard de personnes vivaient dans la plus extrême pauvreté. depuis, en grande partie grâce à la croissance économique remarquable de la Chine, de l’Inde et des pays de l’Asie du Sud-est, plus de 400 millions de personnes sont sorties de cette misère. Pourtant, derrière, il reste le "bottom billion" (milliard de base) — un groupe trois fois plus grand que la population totale des Etats Unis, vivant dans le désespoir, dans des conditions atroces et avec très peu d’espoir de pouvoir y échapper. Une personne sur six dans le monde appartient à cette catégorie.
Contrairement au reste du monde, les choses se sont énormément aggravées en Afrique subsaharienne : le nombre de personnes vivant dans la misère la plus extrême a quasi doublé depuis 1981 et la guerre, la famine et le sida réclament chaque année des millions de vies.
Dans les années 1990, près d’une décennie après sa première excursion en Afrique, Bono commença à apercevoir un rayon d’espoir. Lorsqu’il apprit que les pays africains payaient plus de 250 millions de dollars par an, plus que ce qui avait été récolté par le Live Aid, pour rembourser les emprunts contractés auprès du monde, il découvrit une cause en laquelle croire. La plupart de cet argent emprunté avait été dilapidé par des gouvernements ineptes ou volé par des leaders subordonnés tel Mobutu Sese Seko, qui aurait prétendument empoché plus de 5 milliards de dollars en 30 ans de présidence de ce qui est à présent la république démocratique du Congo. Si le fardeau de ces emprunts pouvait être allégé, et que suffisamment de nouvelles aides monétaires destinées à l’annulation de la dette et au développement pouvaient être dépensées dans le monde ne voie de développement alors peut-être que le milliard de base uarit une chance.
C’est l’argument qu’il a donné en 2004 alors qu’il s’adressait aux leaders du parti travailliste britannique, à savoir l’actuel Premier ministre britannique Gordon Brown et son prédécesseur Tony Blair. Ce plan fonctionnait déjà, de souligner Bono. En Ouganda, où la dette avait été annulée, "trois fois plus d’enfants" allaient en classe. Cependant, il restait encore beaucoup à faire ; aussi Bono demanda-t-il au gouvernement britannique de "doubler l’aide, de doubler son effectivité et de doubler les peines destinées aux leaders corrompus" en Afrique.
Bono plaide en faveur des pauvres
En 2006, aux Etats Unis lors du National Prayer Breakfast, Bono fit un plaidoyer passionné pour ce qui est connu sous le nom de la "ONE Campaign" qui aspire à "faire de la pauvreté du passé". Suivant les promesses d’annulation de la dette pas entièrement respectées par le sommet du G8, un rassemblement de certains des pays les plus prospères et puissants au monde, la campagne ONE exige des Etats Unis et des autres puissances riches de consacrer 1 % de leur budget national afin d’approvisionner "tout le monde en eau potable ; assurer la scolarité de tous les enfants, fournir des médicaments à ceux qui souffrent de maladies et de mettre un terme à une misère extrême insensée."
"Un pour cent, c’est à peine un chiffre figurant dans un livre de comptabilité", de préciser Bono.
Un pour cent, c’est une petite fille qui va à l’école en Afrique, grâce à vous. Un pour cent c’est un patient atteint du sida qui obtient des médicaments grâce à vous. Un pour cent, c’est un entrepreneur africain qui peut démarrer une entreprise familiale grâce à vous. Cet un pour cent ce n’est pas pour redécorer des palaces présidentiels. Cet un pour cent est destiné à creuser des puits pour approvisionner en eau potable.
Bono faisait ces même remarques quelques mois plus tard lors de la 3e conférence parrainée par la Willow Creek Community Church de Barrington. Après avoir partagé son histoire sur comment il avait fini par avoir foi en Jésus, Bono affirma qu’il avait expérimenté une seconde conversion lors de ses visites en Afrique et avait vu de lui-même comment la misère détruisait la vie d’êtres humains. Il demanda à plus de 8.000 leaders de se rassembler à Willow Creek (et plus de 70.000 autres se connectèrent via satellite) pour que leur église s’engage à mettre un terme à cette "stupide pauvreté" du genre à causer la mort d’enfants à cause de maladies que l’on peut aisément guérir.
Alors, Bono a-t-il raison ? L’annulation de la dette et la campagne One peuvent-elles sauver le milliard de base ? Et les chrétiens devraient-ils agir pour faire en sorte que ces visions deviennent réalité et faire en sorte que la pauvreté ne soir plus que du passé ?
Les remarques de Bono à Willow Creek faisaient suite au discours de Bill Hybels, le pasteur de cette église. Il raconta une histoire liée à l’un de ses récents séjours dans un village de Zambie. Willow Creek nourrit et éduque près de 1.100 orphelins du sida dans ce village, de sorte que dans cet endroit, au moins, "il n’existe pas d’orphelins du sida dont one ne prenne pas soin", de souligner Hybels.
Un jour, Hybels avait rencontré une vieille femme qui tirait derrière elle un sac de nourriture à partir de maïs donné par l’église. Elle le transportait pour deux orphelins et deux de ses petits enfants, et tous les sacs trainaient ce sac sur la route. Hybels offrit de porter ce sac jusque chez elle, à plus de 3 km de là. Au cours de ce trajet, Hybels dit qu’il a eu un instant de "clarté pénétrante". Lorsque les leaders des églises sont fidèles et efficaces, lorsqu’ils prêchent la parole de Dieu et aident les autres à avoir la foi et leur enseigne comment devenir enfants de Jésus Christ cela signifie montrer de la compassion envers les pauvres et prendre soin des veuves et des orphelins alors "les gens vivent". Si les leaders des églises échouent à accomplir ces gestes, alors "les gens meurent".
Comprendre que Dieu veut aider les chrétiens à venir en aide aux pauvres est une étape importante. Dieu a créé un monde où il y a suffisamment pour tous. Il est devenu évident qu’un nombre considérable des enfants de Dieu n’a pas suffisamment de nourriture, d’eau, de foyers ou de médicaments pour survivre. Comment faire pour changer cela est la partie ardue.