Banalisation du SIDA.
« Moi je suis bien informé, y a pas de problème. Je mets tout le temps des capotes ». Comme Dylan, lycéen de 17 ans, les jeunes se disent bien sensibilisés sur le virus du SIDA. Un constat confirmé par certains spécialistes comme Philippe Lamoureux. Le directeur général de l’institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) a remarqué une très nette augmentation de l’usage du préservatif en 20 ans : « En 1987, le pourcentage d’utilisation du préservatif chez les jeunes lors d’un premier rapport sexuel était de 14,5%. Aujourd’hui, on est régulièrement au-delà de 80 voir 85%, ce qui est un taux très important ». Les jeunes utilisent donc une protection lors d’un premier rapport sexuel mais ensuite ? On ne sait pas. Un constat pourtant : 12% des nouvelles contaminations concernent les jeunes âgés de 15 à 24 ans. Un chiffre qui n’a pas diminué depuis des années. « Le SIDA fait moins peur, constate Antonio Ugidos, directeur du Centre régional d’informations et de prévention du SIDA (CRIPS) d’Ile-de-France, le préservatif s’est banalisé mais le SIDA aussi », déplore-t-il. Avec l’arrivée de la trithérapie, l’image du virus a changé. « La maladie n’est hélas plus perçue comme une menace aussi alarmante qu’elle ne l’était il y a une vingtaine d’années, confie Philippe Lamoureux. Donc les pouvoirs publics doivent remobiliser et re-sensibiliser les jeunes », ajoute-t-il. Une tâche qui revient principalement à l’Education nationale.
Désengagement de l’école. Depuis 2001, et la loi relative à l’IVG, plusieurs circulaires ont contribué à fixer les objectifs de l’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires. « Aujourd’hui, un élève doit recevoir trois séances par an de la sixième à la terminale », donne pour exemple Félicia Narboni, responsable de l’éducation à la Santé et à la sexualité, rue de Grenelle. Des textes de loi mal appliqués, dénonce Michel Simon, vice-président de l’association AIDES : « On voit que pas plus de la moitié des collèges ont véritablement mis en place ces modules d’éducation à la sexualité des jeunes », constate-t-il. Un désengagement également pointé du doigt par un rapport du conseil national du SIDA paru le 22 novembre dernier : « l’éducation à la sexualité et à la vie affective est soit laissée au bon vouloir des directeurs d’établissement et à la bonne volonté du personnel et des associations, soit cantonnée à des circulaires bien élaborées, mais inappliquées », y est-il écrit.
Changer la prévention. Et quand ces circulaires sont appliquées, c’est parfois la façon de faire passer le message qui ne convient plus : « On est bien informé mais souvent, c’est de façon rébarbative », explique Camille, en terminale dans le lycée de La tour des dames à Rozay-en-Brie. Dans cet établissement de Seine-et-Marne, la politique est de privilégier la prévention entre les jeunes. « Ils doivent absolument bâtir leur propre projet, leur propre information, donner leur message à travers leur vécu, leur vision et avec leurs propres mots », observe Catherine Mercier-Benhamou, proviseure. Dans cet optique, une classe de terminale en sciences médico-sociales présente cette semaine un spot à l’ensemble des élèves du lycée. Une projection suivie d’un débat animé par les élèves eux-mêmes.
Une prévention également complétée par des intervenants extérieurs, principalement proposés par le CRIPS d’Ile-de-France. La semaine dernière, 350 élèves de seconde ont participé à un débat théâtral. « A quel moment je dois mettre un préservatif ? Jusqu’où vont les préliminaires ? Est-ce que je dois faire comme dans les films pornos ? » Pendant près de deux heures les élèves ont parlé de leur sexualité. Un débat un peu particulier car animé par la troupe de théâtre Entrées de jeu. « Le principe est qu’on présente un certain nombre de situations aux élèves, des situations qu’ils sont censés rencontrer eux-mêmes dans la vie et à partir desquelles on va débattre », explique Adrien, comédien. La particularité de cette intervention est que les élèves ont la possibilité de rejouer la scène en improvisant avec les comédiens. La rencontre amoureuse, la séparation, la première fois, sept thèmes sont tour à tour abordés. A la sortie, les élèves sont enthousiastes : « Je me suis dit que j’étais pas la seule à vivre ça et à me poser ces questions là », s’aperçoit Pénélope. « Ca représentait bien les scènes difficiles que peuvent vivre les couples », ajoute-t-elle. « C’est le meilleur moyen qui puisse nous prévenir », conclut une autre élève. A l’issue de la séance, les comédiens font un constat : ce n’est pas l’information qui manque aux élèves mais plutôt la mise en application de ce qu’ils savent.
A l'occasion de la journée mondiale du SIDA, le 1er décembre, gros plan sur l'évolution du virus chez les jeunes. En France, 12% des nouvelles contaminations par an concernent les personnes de 15 à 24 ans.
Où en sont les jeunes ? A la question : les jeunes sont-ils bien informés par rapport au SIDA ? La réponse des spécialistes est unanime : oui ! Alors pourquoi 12% des nouvelles contaminations concernent les jeunes âgés de 15 à 25 ans? Un chiffre qui n'a pas baissé depuis des années. S'agit-il d'un problème de prévention ? Les jeunes se protégent-ils moins ? Le SIDA leur fait-il moins peur ?
Nés séropos... Comment vivre son adolescence quand on est né séropositif ? Un passage difficile pour ces jeunes qui ne veulent qu'une chose: être considérés comme des ados normaux. Un mal-être qui se traduit par l'arrêt de leur traitement. Reportage dans une unité spécialisé à l'hôpital Cochin et reportage au sein de l'association "Tague le mouton" qui apporte une aide éducative et psychologique à ses enfants.
Je veux que mon expérience serve aux autres. Luc, 27 ans, est séropositif depuis 3 ans. Un rapport non protégé et sa vie a été bouleversée. Aujourd’hui, il fait de la prévention et témoigne dans un DVD diffusé le 1er décembre dans toutes les classes de 1ere.
Des traitements qui sauvent mais ne guérissent pas...L'apparition des trithérapies en 1996 a radicalement changé l’évolution de l’infection au VIH. Grâce à ces traitements, dans les pays où ils sont disponibles, les personnes séropositives peuvent vivre de nombreuses années sans développer la maladie. Une vie qui reste cependant en sursis et qui ne doit pas faire oublier qu’en France, on meurt toujours du sida...