lundi 3 octobre 2005, 19h31
SIDA : près de 60% des séropositifs se disent victimes de discriminations PARIS (AP) - Le SIDA continue à inspirer peur et rejet. Près de six personnes sur 10 (57,3%) se disent victimes de discriminations dans leur vie sociale ou privée du fait de leur séropositivité, un chiffre en léger recul par rapport à 2003 (64%), selon une enquête publiée lundi.
Tous les domaines de la vie quotidienne sont concernés à des degrés divers. Si le milieu médical arrive en tête des discriminations avec 43,7%, d'autres secteurs sont souvent cités: le partenaire sexuel (37,2%), le milieu professionnel (33,7%), les assurances et les banques (33,6%), les connaissances et le voisinage (31,7%) et les amis (31,1%).
Viennent ensuite le conjoint ou ex-conjoint (29,6%), la famille (28,9%) et, plus loin derrière, les services publics (16,2%) et les loisirs (14,2%), selon cette enquête réalisée sur questionnaires auprès d'appelants des lignes d'écoutes de SIDA Info Service.
Face à la persistance de ces phénomènes discriminatoires, une grande majorité (78,2%) des personnes séropositives reconnaissent avoir adopté une attitude d'auto-exclusion dans au moins l'un des domaines évoqués.
Le premier domaine de discrimination cité est le milieu médical. Expériences les plus fréquemment rapportées: refus de soins, notamment de la part des dentistes, propos ou attitudes désobligeants, voire non-respect du secret médical.
Conséquences: près d'un quart (23,4%) des personnes interrogées affirment avoir renoncé à une consultation, un examen médical ou un soin, et plus d'un tiers (36%) ont tu leur statut sérologique à l'une de ces occasions.
Dans la sphère professionnelle, la gamme des situations évoquées est très large: mises à l'écart lors des moments conviviaux (repas, fête de fin d'année), chuchotements, injures et harcèlement moral.
Deux tiers des personnes (65,2%) ne parlent pas de leur séropositivité au travail, même s'il est parfois difficile de garder le secret (effets secondaires, indiscrétions d'un tiers).
Dans le domaine des banques et des assurances, les discriminations sont aussi nombreuses que dans le milieu professionnel. Du coup, quatre personnes sur 10 (39,8%) disent renoncer à la souscription d'une assurance, d'un emprunt ou d'une mutuelle. Pour un grand nombre de séropositifs (57,3%), l'unique solution pour contourner ces difficultés consiste à ne pas mentionner le VIH dans le questionnaire médical.
Dans la sphère privée, près de quatre personnes sur 10 disent avoir renoncé à approfondir une relation avec une connaissance ou un voisin en raison de leur séropositivité. C'est dans ce domaine que la proportion de personnes ayant tu leur séropositivité est la plus élevée (72,2%).
Concernant la vie sexuelle, la moitié des personnes interrogées (50,1%) disent avoir renoncé à une relation sexuelle en raison de leur séropositivité et près de la moitié (47,7%) ne l'ont pas révélé lors d'un rapport occasionnel.
Pour cette enquête, 349 questionnaires ont été retenus sur les 541 parvenus à Sida Info Service.
Après la publication de cette étude, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a annoncé que lui et Louis Swcheitzer, président de la Haute autorité de la lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) réuniront "début novembre" des associations de patients et les acteurs concernés. AP
http://fr.news.yahoo.com/03102005/5/sida-pres-de-60-des-seropositifs-se-disent-victimes-de.html