« Séropositifs, boycottons les Jeux Olympiques… à la télévision ! » Le 8 août était une journée bien chargée dans le calendrier international : alors que s'achève la 17ème Conférence internationale sur le sida à Mexico, s'ouvre le même jour les 29èmes Jeux Olympiques à Pékin.
Deux événements essentiels à l'échelle mondiale et donc forcement traités de la même façon par les gouvernements du monde entier … ? Non, vraiment pas ! Alors que la Conférence de Mexico était marquée par une liberté de ton, une énergie militante, des échanges bouillonnants, une envie de changer le monde pour le bien être de tous, bien des gouvernements du monde y ont brillé par leur absence, provoquant la colère légitime des acteurs de la lutte. Paradoxalement, dans une ambiance de censure - malgré les promesses maintes fois renouvelées des autorités chinoises, encore bien trop de sites internet d'information seront censurés -, les représentants du monde entier vont partager les tribunes présidentielles avec les officiels chinois qui vont pouvoir triompher, après des menaces, bien théoriques pour certains, de boycott.
Bien évidemment, ces tribunes chinoises étaient bien garnies : on pourra y retrouver des visages connus de tous les français comme par exemple ceux des personnalités politiques de premier ordre qui ont préféré venir aux Jeux Olympiques plutôt que de passer quelques heures avec les 23.000 acteurs de la lutte contre le sida à Mexico. Pourtant, 2 millions de morts par an, cela vaudrait-il moins que des danses et des feux d'artifice ? 2,7 millions de personnes nouvellement contaminées en 2007, n'aurait-ce pas été une raison suffisante pour que la France soit représentée par au moins un membre du gouvernement ? Manifestement non.
Alors, d'ici on peut déjà entendre les beaux discours sur l'idéal olympique, sur les valeurs d'amitié, de respect de solidarité et d'engagement, les félicitations, les autocongratulations, les tapes dans le dos, les sourires de façade. Mais concrètement, qu'en est-il des fameux droits de l'Homme qui ont été portés comme un étendard par bon nombre de dirigeants pour annoncer un possible boycott de la cérémonie d'ouverture ?
Rien ne s'est amélioré pour les droits de l'Homme en général en Chine. La peine de mort y aurait-elle été abolie ? La liberté de la presse serait-elle devenue une réalité ? Quant au Tibet qui a fait la une de l'actualité pendant bien des semaines ; ses morts auraient-ils « servi » à faire avancer cette cause juste ? Quant aux personnes touchées par le VIH/sida ; la Chine aurait-elle suivie l'exemple des Etats-Unis en autorisant l'entrée des personnes touchées par le VIH/sida sur son territoire comme elle s'y était engagée auprès du Fonds mondial il y a quelques mois ?
A toutes ces questions la réponse est simple : non !
Aujourd'hui, encore, 33 millions de séropositifs dans le monde sont toujours interdits de territoire chinois. Le mur de la Honte ! Il faut prendre un exemple très concret qui parlera à tous : aujourd'hui, un grand champion comme Magic Johnson, séropositif depuis 16 ans, médaille d'or aux JO de Barcelone, membre de la fameuse « Dream Team » ne pourrait pas assister à ces Jeux. Il n'aurait pas eu le droit de poser le pied sur le territoire chinois à cause du virus dont il est porteur. 25 ans après le début de l'épidémie, alors que la Chine a plus de 700.000 personnes séropositives sur son territoire, elle fait comme si le sida ne la concernait pas. La Chine se bande les yeux et, dans le domaine de la lute contre le sida, il faut savoir regarder la réalité en face, les yeux grands ouverts.
Alors, puisque la Chine boycotte les personnes touchées par le VIH/sida, puisque les intérêts économiques pèsent plus que les droits humains, que les officiels ne disent rien et se comportent ainsi en complices du régime communiste, Jean-Luc Romero appelle les personnes séropositives à faire la seule chose qui soit possible : « Séropositifs, boycottons la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques … à la télévision ! ».