"J’ai appris ma séropositivité en 92 et dans ces époques là, le plus urgent c’était le traitement médical et l’accompagnement thérapeutique. Il n’était pas prévu ce qu’on appelle l’accompagnement psychologique et pourtant l’accompagnement psychologique est hyper important à ce moment là, parce que déjà on apprend qu’on a une maladie mortelle. Il y a aussi le fait qu’à un moment donné on est obligé plus ou moins de l’annoncer à sa famille, il y a des dérives et tout. Moi à un moment donné, j’ai pété un câble et en fin de compte j’en ai eu ras le bol des traitements, j’ai tout arrêté, je les ai pris n’importe comment et en fin de compte je l’ai payé « cash » parce qu’en l’espace de 4 ans j’ai déclaré un sida. Et c’est à ce moment là que j’ai pris conscience de l’importance du suivi psychologique, donc à un moment donné j’ai accepté de me faire suivre en psycho. Ca m’a permis, déjà un, de me retrouver en tant qu’être humain, et cet être humain a ses joies et ses peines, et tout ça, faut réapprendre à les accepter, faut réapprendre à vivre. Oui mais vivre avec quels moyens et donc c’est là qu’on est un peu décontenancé et heureusement qu’on a le suivi psychologique qui nous permet de pouvoir déculpabiliser, c’est l’accepter, la connaître . A partir du moment où on connait le mal on peut mieux le combattre, ça c’est important. Et puis aussi d’exprimer ses peurs parce qu’on a tout le temps peur. Et puis ensuite de se dire, à un moment donné, j’ai le droit de refaire la vie, de refaire ma vie, et puis voilà de refaire pas à pas tout ce qui s’est détruit en l’espace de 3 secondes quand on apprend sa séropositivité. Maintenant, je me retrouve, j’assume totalement que ce soit ma séropositivité, mon orientation sexuelle, donc ça c’est quelque chose qui est important et qui me permet aujourd’hui de pouvoir reprendre ce goût à la vie et puis surtout de me dire après la séance, et bien on a pu parler de ça et on a avancé . C’est vrai que je dois une fière chandelle à mes toubibs et à ma psy, parce que justement, je pense qu’à un moment donné le fait d’accepter tout ça on y arrive, mais faut être aidé pour pouvoir aller plus loin. Faut être accompagné même si on a une compagne ou un compagnon tous les jours, il y a des choses qu’on ne peut pas dire, il y a des choses qui ne peuvent pas être comprises par la personne, et donc c’est ce message là qu’on arrive à faire passer par le médecin ou par la psy et qui arrive à mettre un mot sur ce… un mot sur ces maux, c’est ça souvent que j’utilise, c’est mettre un mot sur ces maux et c’est le plus important."