Le moustique, cette bête féroce
À la ville, à la campagne, à la mer ou à la montagne, l’été, il est (presque) partout et nous enquiquine sans relâche durant nos vacances...
Le coupable est évidemment tout désigné : le culicidae, le mot « savant » qui désigne ce fichu moustique ! Sur les 3 500 espèces recensées sur la planète, la France n’en rassemble finalement qu’un petit échantillon, une soixantaine réparties dans quelques grandes familles : aedes, anopheles, culex, culiseta, mansonia, orthopodomya, theobaldia et urotaenia. Une dizaine d’espèces des genres ædes, anopheles, culex et mansonia se révèle particulièrement agressive vis-à-vis de l’homme.
« Moustique : plus dangereux que n’importe quelle bête féroce », résume Gustave Flaubert dans son dictionnaire des Idées reçues. Constituant le plus important vecteur de maladies infectieuses, les moustiques font en effet bien plus de dégâts qu’une horde de fauves : paludisme, dengue, chikungunya, fièvre jaune, encéphalite japonaise, virus du Nil occidentale… Au total, plusieurs millions d’infections et des centaines de milliers de décès estimés chaque année.
Malgré un rayon d’action en vol limité, certains moustiques peuvent être de grands voyageurs. L’un des plus aventureux et nuisibles est certainement Aedes albopictus (ou moustique tigre). Originaire de l’Asie du Sud- Est, il s’est aujourd’hui répandu sur l’ensemble des continents. À cause de lui, certaines pathologies tropicales comme la dengue ou le chikungunya importées par des voyageurs peuvent potentiellement se développer dans nos pays tempérés.
On lui doit également l’introduction du virus West Nile dans l’Union européenne. Ses moyens de locomotion favoris : les pneus qui font l’objet d’un important trafic international par voies maritimes et les voyages en voiture, autocars ou camions. Débarqué en Europe via l’Italie, Aedes albopictus gagne le midi de la France dès 2004.
Actuellement, six départements métropolitains sont principalement affectés par l’implantation du moustique tigre : Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Corse-du-Sud, Haute-Corse et Var. Dernièrement, ædes albopictus a même gagné les environs de Paris. Pour faire face à la survenue de cas autochtones de dengue ou de chikungunya, le ministère de la Santé coordonne depuis 2006 un dispositif de lutte contre le risque de dissémination de la dengue et du chikungunya en France métropolitaine.
Ainsi depuis le 1er mai, la chasse au moustique tigre est rouverte, avec même une surveillance renforcée sur la façade atlantique. Sur la côte méditerranéenne, le bulletin hebdomadaire des moustiques devient alors un outil aussi essentiel l’été que la météo des plages. Certains projets développés par l’agence française de l’espace incluent désormais une surveillance du moustique par satellite.
Ces nouvelles techniques expérimentales pourraient s’avérer utiles face à certaines espèces problématiques comme aedes ægypti, principal vecteur de la dengue et de la fièvre jaune qui ne pique que le jour. D’autres recherches plus controversées portent sur la mise au point de moustiques génétiquement modifiés pour réduire l’efficacité de l’insecte à transmettre la maladie. Des lâchers de moustiques OGM sont réalisés dans certaines régions tropicales du globe dans le cadre de la dengue ou du paludisme, avec quelques inconnues quant à l’impact de ces méthodes sur les écosystèmes.
Une autre technique récemment dévoilée consiste à infecter l’intestin des moustiques pour cibler le parasite responsable du paludisme.
Le moustique peut enfin aider à développer des solutions thérapeutiques. En Thaïlande, dans les environs de Bangkok, l’université de Mahidol héberge ainsi un centre expert en moustiques qui joue un rôle majeur dans la mise au point d’un vaccin contre la dengue.