WASHINGTON (AFP) - Les fonds publics américains pour la recherche sur le sida, surtout consacrés à la mise au point d'un vaccin, vont se raréfier dès 2006, forçant les chercheurs à optimiser leurs efforts et à accroître leur coopération avec le secteur privé, a mis en garde lundi un responsable de l'Institut national de la santé (NIH)"Alors que 2006, 2007, 2008 et 2009 approchent, il est devenu clair que non seulement la hausse du budget du NIH sera inférieur à 2%, mais que les largesses passées du gouvernement fédéral pour financer toutes les recherches, particulièrement celles sur le sida, vont prendre fin", a déclaré Anthony Fauci, directeur au NIH pour les maladies infectieuses et les allergies (NIAID).
Il a dit avoir été prié de réexaminer l'ensemble des recherches au NIAID, ce qui signifie, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse, qu'il va falloir travailler encore davantage avec les industries privées et d'autres organisations de manière "à optimiser chaque dollar dépensé".
Le NIH est le plus grand institut public de recherche dans le monde avec un budget annuel de 28 milliards de dollars qui avait doublé entre 1997 et 2003.
Sur les quelque 600 millions de dollars dépensés globalement pour développer un vaccin contre le sida, 520 millions proviennent du NIH, le restant étant quasiment fourni par l'International AIDS vaccine Initiative, un partenariat entre secteur public et privé.
Cette nouvelle réalité budgétaire américaine va se traduire par des critères plus stricts pour mesurer le succès des 30 essais cliniques en cours dans le monde, a souligné M. Fauci.
Les études qui ne donneront pas suffisamment tôt des résultats encourageants pourraient ne plus être financées de manière à concentrer les fonds sur des recherches plus prometteuses, a dit le responsable du NIAID.
C'est ainsi que l'essai clinique actuellement en cours en Thaïlande et objet de controverse pourrait être soumis à ces nouveaux impératifs de résultats.
Cette recherche a été critiquée parce que les 30.000 volontaires reçoivent deux vaccins qui individuellement n'ont pas donné de résultats. Malgré cet échec, le NIH a décidé de la poursuivre en faisant valoir que personne ne sait encore comment ils pourraient agir de concert.
Mais M. Fauci a dit lundi que "cette étude était suivie de près et que rien ne garantit qu'elle sera menée à son terme".
Malgré ces restrictions budgétaires, il a tenu à souligner que la mise au point d'un vaccin contre le sida restait une priorité pour le NIH.
"Un vaccin efficace et sans risque est essentiel pour contrôler le sida mondialement et constitue le défi le plus important et difficile auquel sont confrontés les chercheurs", a ajouté M. Fauci. "Personne n'est très près (aujourd'hui) de produire un vaccin capable d'empécher l'infection", 23 ans après l'identification du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), a-t-il ajouté.
Une des grandes difficultés pour faire un bon vaccin est de faire fabriquer à l'organisme des anticorps neutralisants, afin de bloquer l'infection de nouvelles cellules, selon ce scientifique.
La pandémie de sida, l'un des plus grands défis mondiaux de santé publique, touche 39 millions de personnes porteuses du virus. Plus de trois millions en sont mortes en 2004.
http://fr.news.yahoo.com/050222/202/4a8bu.html