Circoncision et HPV : la polémique fait rage !

Publié le 20/07/2007

Ceux qui consultent assidûment le site du JIM on line se souviendront peut-être du résumé d’une méta-analyse de Van Howe qui concluait que la littérature ne supporte pas cette assertion que la circoncision réduit le risque d’infection génitale masculine à HPV. Une conclusion qui devait faire bondir certains praticiens et provoquer des réactions parfois violentes, à l’instar de celles de X. Castellsague et coll., suivies évidemment de contre- réactions de l’auteur. Petit résumé d’un débat qui n’avait parfois plus grand chose de confraternel.

Les auteurs Espagnols, dans leurs commentaires, attaquent d’entrée de jeu : « La méta analyse de Van Howe contient des approches statistiques biaisées et inadéquates qui en font un travail scientifique invalide et sans fondement. Il convient de revenir d’abord sur ces fautes graves avant -ce qui est le plus important- de ré-évaluer entièrement la publication d’où il apparaîtra que la circoncision est statistiquement associée à une réduction significative du risque d’HPV avec un odds ratio de 56 et un intervalle de confiance à 95 % de 0,39 à 0,82. »

Suit la liste des erreurs commises par Van Howe qui parait assez consistante, tant dans la sélection des études valides (les 3 articles pourvus de critères stricts -pas si stricts que ça- et la mise à l’écart d’articles de grande qualité) que dans la manipulation des données (en particulier celles qui concernent le corps pénien), sans compter plusieurs erreurs statistiques inexcusables (concernant quand même 5 sur 8 articles pré-sélectionnés et un débat de spécialistes des OR sur lequel l’auteur de ces lignes ne se prononcera pas !). La conclusion est claire : l’article de Van Howe est nul et non avenu et devrait évidemment être définitivement écarté de la littérature scientifique.

La contre- attaque de Van Howe concerne d’abord X. Castellsague, lui-même, décrit comme un avocat inconditionnel de la circoncision infantile, auteur d’un article concluant à l’efficacité du geste et dont on n’attendait pas autre chose. Il reconnaît ensuite qu’il a du affronter de grandes difficultés pour réaliser son travail tant les techniques et méthodes variaient d’une étude à l’autre, et justifie les prises de position d’apparence, parfois hasardeuse, qu’il a du prendre.

C’est ainsi qu’il a exclu les lésions de type condylome, considérées comme très spécifiques, parce que le seul examen physique lui semblait insuffisant et que ces lésions, quand elles sont bien visibles, sont moins oncogènes que celles mises en évidence par l’examen à l’acide acétique. Il motive ses critères de sélection sur la volonté d’éliminer au maximum les études biaisées… tout en conservant assez de données pour aboutir à une conclusion et relance le débat sur l’analyse du corps pénien en remarquant que plus de 85 % des infections sont détectées sur le seul gland et replis environnants chez les mâles non circoncis. La démonstration continue ainsi, reprenant quasiment tous les arguments de l’Espagnol, et se termine par cette conclusion que « X. Castellsague voulait qu’il tienne compte de résultats connus pour être biaisés dans le but de valider ses propres données et de participer à sa promotion de la circoncision… »

Gageons que ces deux là ne s’entendront jamais sur le rôle préventif de la circoncision en matière de HPV ! Le problème est qu’ils nous plongent dans l’embarras, nous obligeant à attendre qu’une troisième équipe réalise le travail essentiel et consensuel qui permettra de connaître enfin la vérité.

Dr Jack BREUIL