Cherche désespérément une prévention du SIDA pour…les femmesPublié le 24/07/2007
Selon les données de l’OMS, 39,5 millions de sujets dans le monde vivaient, fin 2006, avec une infection par le VIH ou le SIDA, l’épicentre de cette pandémie étant le sud de l’Afrique. Près de 20 % des adultes du Zimbabwe et d’Afrique du Sud sont infectés par le VIH, et le risque d’infection, dans ces pays, est deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Pour cause de contraintes socio-culturelles, de différences de pouvoir, les femmes sont souvent dans l’impossibilité de négocier l’utilisation du préservatif masculin, élément clé des stratégies de prévention de l’infection par le VIH.
Dans ce contexte, disposer de méthodes préventives simples, de faible coût, mises en œuvre et maîtrisées par les femmes, pourrait avoir un impact considérable. Le diaphragme et l’utilisation d'un gel microbicide sont l’objet d’études. Si le diaphragme est apparu dans les études observationnelles réduire le risque d’infection sexuellement transmissible, elles-mêmes facteurs de risque accru d’infection par le VIH, plusieurs essais portant sur les gels ont abouti à des résultats décevants et ont été rapidement interrompus.
Les résultats d’un nouvel essai, l’essai MIRA (Improving Reproductive Health in Africa), viennent d’être publiés. Cet essai, ouvert, randomisé contrôlé, sur plusieurs sites, visait à évaluer l’efficacité du diaphragme, associé à un gel lubrifiant, à prévenir l’infection par le VIH des femmes, en comparaison des seuls préservatifs.
L’essai, avec pour critère d’intérêt principal les infections par le VIH incidentes, a inclus, entre septembre 2003 et septembre 2005, 5 045 femmes d’Afrique du Sud et du Zimbabwe, recrutées dans des structures de soins et des organismes communautaires. Ces femmes, âgées de 18 à 49 ans, séronégatives pour le VIH, ont été suivies chaque trimestre pendant 12 à 24 mois (médiane : 21 mois). Toutes ont été conseillées et informées sur l’infection par le VIH, les infections sexuellement transmises, leur prévention et leur traitement. Elles ont été réparties par tirage au sort en deux groupes d’étude : l’un avec intervention (2 523 femmes) a reçu un diaphragme, un gel lubrifiant et des préservatifs, l’autre pris comme groupe témoin (n = 2 522) a reçu uniquement des préservatifs.
Les résultats montrent une incidence d’infection par le VIH semblable dans les deux groupes : 4,1 % pour 100 femmes-années dans le groupe avec intervention, comptant 2 472 femmes, versus 3,9 % dans le groupe témoin (n = 2 476 femmes), soit un risque relatif de 1,05 (intervalle de confiance à 95 % de 0,84 à 1,32).
L’utilisation rapportée du préservatif, semblable dans les deux groupes à l’entrée dans l’essai, a significativement augmenté ensuite. Mais cette augmentation était moins marquée chez les femmes du groupe avec intervention que chez celles du groupe témoin, malgré l’éducation intensive, reprise à chaque consultation et, avec des pourcentages d’effets indésirables, et des taux de grossesses semblables dans les deux groupes.
Les auteurs constatent l’absence, décevante, de bénéfice protecteur ajouté par cette intervention en comparaison du préservatif, mais attirent l’attention sur le fait que l’utilisation moindre du préservatif chez les femmes disposant d’un diaphragme n’a pas, dans cet essai, accru l’infection. Ils insistent sur la nécessité urgente d’une méthode de protection contrôlée par les femmes, pour celles dans l’impossibilité de convaincre leur partenaire d’utiliser le préservatif.
Dr Julie PERROT