Une étude examine les causes sous-jacentes du VIH, de l’hépatite C et de la toxicomanie chez la jeunesse autochtone Au Canada, l’incidence de l’infection au VIH augmente rapidement chez les autochtones. Bien que ce groupe ne représente qu’environ 3% de la population canadienne, 22% des nouvelles infections par le VIH se sont produites chez des autochtones en 2006. Le principal comportement qui semble accroître la vulnérabilité des autochtones à l’infection par le VIH est le partage du matériel—spécifiquement les aiguilles—utilisé pour la consommation de drogues.
Pour en savoir plus sur les facteurs qui accroissent la vulnérabilité des autochtones à l’égard du VIH, une équipe de chercheurs du St. Paul’s Hospital de Vancouver a collaboré à un projet appelé Cedar avec des organismes de lutte contre le sida autochtones dans la ville de Prince George, en Colombie-Britannique.
Selon cette étude, l’incidence du VIH et de l’hépatite C (VHC) serait élevée chez les autochtones tant dans les grands centres urbains (comme Vancouver) que dans les petites agglomérations rurales (comme Prince George). Plus important encore, l’équipe de recherche a relevé plusieurs facteurs qui semblent accroître la vulnérabilité des autochtones au VIH et à la toxicomanie. En corrigeant ces facteurs, l’équipe espère que l’on pourra repousser la vague de maladies virales et de toxicomanies qui déferle présentement sur les communautés autochtones. Détails de l’étude
Le projet Cedar se poursuit auprès de jeunes autochones qui consomment (s’injecter ou fumer) des drogues de rue, y compris le crystal meth, la cocaïne, le crack et l’héroïne.
Les participants ont été interviewés par une personne autochtone dans le cadre d’un sondage détaillé. Des échantillons de sang ont été recueillis en vue d’un dépistage du VIH et du VHC. Les personnes dont les résultats étaient positifs ont fait l’objet d’un counselling et ont été dirigées vers un centre de soins et de traitement.
Entre 2003 et 2005, les chercheurs ont recruté 512 participants, dont 46 % de Prince George et 54 % de Vancouver. Les proportions d’hommes et de femmes étaient presque égales et la moyenne d’âge des participants était de 23 ans. Résultats
L’équipe de recherche a constaté que les participants avaient beaucoup de problèmes qui créaient les conditions psychosociales qui les rendaient plus vulnérables au VIH, au VHC et à la toxicomanie.
Voici un résumé des principaux résultats de l’étude:
Environ les deux tiers des participants de Vancouver et de Prince George ont dit avoir été enlevés du domicile parental—habituellement entre les âges de 4 et 5 ans;
Environ la moitié des participants ont dit « avoir été contraints d’avoir des relations sexuelles contre leur gré et/ou subi des sévices sexuels ». En moyenne, les abus en question ont commencé vers l’âge de 6 ans;
Plus du tiers des participants ont dit avoir échangé relations sexuelles contre nourriture, abri ou argent à un moment donné de leur vie.
Étant donné ces antécédents traumatisants, il est peu surprenant qu’environ 56 % des interviewés aient avoué s’être injectés des drogues de rue. Ces dernières peuvent soulager temporairement les sentiments de douleur et de détresse, donc plusieurs personnes vulnérables s’en servent en guise d’auto-médication. Malheureusement, les drogues qui se vendent dans la rue sont souvent mal utilisées et risquent de causer la dépendance et des lésions cérébrales. Infections virales
Dans l’ensemble, l’incidence des infections virales était élevée, 9 % des participants ayant reçu un diagnostic de VIH et 35 %, un diagnostic d’hépatite C.
Lorsque les chercheurs ont évalué l’incidence de ces infections en fonction de la ville, ils ont constaté les proportions suivantes en ce qui concerne le VIH:
Vancouver – 17 %;
Prince George – 7 %.
Les proportions de personnes atteintes du VHC étaient semblables dans les deux villes. Cependant, chez les personnes qui s’injectaient de la drogue, l’incidence du VHC s’élevait comme suit :
Vancouver – 57 %;
Prince George – 62 %.
Après avoir analysé les nombreux facteurs ayant contribué au risque élevé d’infection par le VIH, l’équipe de recherche a constaté que les facteurs suivants étaient significatifs du point de vue statistique :
relations sexuelles non consensuelles;
vivre à Vancouver;
utilisation prolongée de drogues injectables.
Dans le cadre de cette étude, la proportion d’autochtones atteints du VIH était plus faible à Prince George qu’à Vancouver. Les occasions de promouvoir la prévention du VIH pourraient donc être nombreuses dans l’intérieure de la Colombie-Britannique dans des villes comme Prince George.
Santé et rétablissementL’équipe de recherche souligne le fait qu’une forte proportion des participants ait subi des traumatismes durant l’enfance, notamment le départ forcé de la maison familiale et les sévices sexuels. Si le financement des services de santé destinés aux autochtones était augmenté, il serait possible de ralentir la propagation du VIH et d’aider les communautés autochtones à reconnaître leurs traumatismes et leur douleur non résolue afin d’entamer un voyage de guérison, disent les chercheurs. Et il faudrait que les jeunes autochtones aient la possibilité d’y participer, soulignent-ils.
Les programmes communautaires de traitement de la dépendance qui incarnent les traditions de guérison et les valeurs indigènes pourraient s’avérer particulièrement utiles, disent les chercheurs. Ils mentionnent aussi que les cultures autochtones comportent des traditions rituelles et familiales se rapportant à la sécurité des enfants qui devraient faire l’objet de recherches. Les résultats de ces dernières pourraient servir au développement d’une réponse communautaire visant la protection des enfants et des jeunes contre les sévices sexuels et la toxicomanie, ainsi que le VIH et le VHC.