L’emploi, combat quotidien des séropositifs
Malgré la lutte contre la discrimination, l’exclusion demeure une réalité pour des dizaines de milliers de personnes.
Les personnes atteintes par le virus du sida sont confrontées à de gros problèmes dans leur travail ou dans la recherche d’un emploi.
Le Conseil national du sida vient de publier un travail consacré au problème de l’emploi chez les personnes vivant avec le VIH. Cette étude montre combien il leur est difficile de trouver un emploi ou de travailler, quand leur entourage professionnel connaît leur maladie.
Cette étude, à laquelle a participé le professeur Willy Rozenbaum, l’un des meilleurs spécialistes français du sida, relève les progrès médicaux qui permettent aux personnes porteuses du VIH d’avoir « une espérance de vie quasi-normale ». Mais, « cette réinscription des parcours de vie dans le long terme pose de manière nouvelle la question de l’activité professionnelle des personnes atteintes ».
Le constat dressé par la commission du CNS est accablant : le sida demeure « une maladie toujours stigmatisante ».
Trois facteurs déterminants
Tout commence au stade du diagnostic. Tr ois facteurs vont peser lourdement dans la suite de l’existence de la personne concernée. Il y aura d’abord l’âge auquel on constate la contamination. Autre facteur : celui de la période professionnelle ou familiale à laquelle on apprend que l’on est porteur du VIH. Enfin, se pose la question de savoir si le diagnostic intervient très tôt au niveau de l’infection ou une fois la maladie déclarée ou avancée.
Une fois ceci connu, reste à savoir comment on va faire cohabiter son travail et la présence en soi du VIH. 70 % des porteurs du virus ont choisi de ne pas révéler leur séropositivité ou, a fortiori, une maladie déclarée.
Selon une enquête, citée par le Conseil national du sida, 6 % des personnes interrogées estimaient avoir subi des comportements discriminatoires sur leur lieu de travail. Tout cela est dû autant à « la peur de la contamination » qui « peut être fondée sur des peurs irraisonnées qu’à « l’opprobre moral », car « l’infection au VIH conserve largement le caractère de maladie honteuse ».
« Un obstacle à l’emploi »
Le travail du CNS reprend celui consacré à « VIH et emploi », réalisé en 2001 par l’association AIDES : « 100 % des employeurs interrogés déclaraient ne pas donner suite à un entretien d’embauche durant lequel une personne mentionnait sa séropositivité. »
D’où, évidemment, le fait que le VIH « soit un obstacle à l’accès, au maintien ou au retour à l’emploi ». Un chiffre est éloquent : seulement 56,5 % des personnes porteuses du VIH ont un emploi. 18,1 sont inscrites au chômage et 25, 4 % sont inactives. Pourtant, 64 % de ces personnes souhaiteraient retrouver un emploi.
Toutes ces difficultés sont aggravées par l’origine géographique des porteurs du VIH. L’étude du CNS note que les malades issus des populations subsahariennes « tendent à cumuler des difficultés administratives, économiques, sociales et culturelles ».
En conclusion, ce travail note que « l’épidémie touche aujourd’hui des populations socialement plus défavorisées que dans les premières années ».