Le Cap, le vendredi 6 décembre 2013 – Parmi les nombreux messages que le monde voudra retenir du dirigeant sud-africain Nelson Mandela mort à l’âge de 95 ans hier, sa capacité à reconnaître ses erreurs n’est probablement pas celui qui vient immédiatement à l’esprit mais est néanmoins une leçon essentielle. Durant les années où Nelson Mandela fut Président d’Afrique du Sud, le pays était déjà décimé par l’épidémie de Sida. Le fléau pourtant ne fut pas alors considéré comme une priorité par le chef de l’Etat qui essuiera les critiques d’une partie de la communauté nationale et par exemple du juge Edwin Cameron, auteur d’un livre intitulé « Témoins du Sida ». Plutôt, que de se dédouaner, Nelson Mandela va admettre à la fin de son mandat qu’il a commis une erreur en ne s’intéressant pas davantage à la lutte contre cette maladie. Il décide alors d’y consacrer le reste de sa vie.

Une famille durement touchée

Il faut dire que la lutte contre le Sida est d’abord pour Nelson Mandela un combat personnel. Son fils Makgatho Mandela sera emporté le 6 janvier 2005 à l’âge de 54 ans par le VIH. La force de Nelson Mandela aura été une fois encore celle du verbe : plutôt que de dissimiler les raisons de la disparition de son fils, dans un pays où la maladie est encore, à l’époque, un tabou, il n’hésite pas à confirmer la séropositivité de Makgatho. « Ne pas cacher le sida est le seul moyen de le faire apparaître comme une maladie normale », insistait-il d’ailleurs régulièrement. Outre son fils, le héros de la lutte contre l’apartheid perdra une nièce et deux arrières petits neveux contaminés par le VIH.

Les égarements meurtriers de Thabo Metki

Sa lutte contre le Sida, Nelson Mandela la conduira également contre son successeur. Sans jamais l’affronter directement, il remettra en effet en cause la stratégie meurtrière de Thabo Metki qui pendant des années a empêché la distribution des antirétroviraux dans son pays en refusant de "reconnaître" l’origine virale du Sida. La ténacité de Nelson Mandela a contribué à mettre fin à ce scandale qui a privé des centaines de milliers de personnes de traitements en Afrique du Sud.

Un sourire lumineux

Enfin, le Prix Nobel de la Paix a pendant les dernières années de sa vie dispensé son message à travers le monde. Il a ainsi assisté à plusieurs conférences internationales contre le Sida, illuminant de son sourire les assemblées. A Bangkok en 2004, il rappelait : « Le sida n'est pas une affaire de statistiques mais de souffrance individuelle ». Aussi exhortait-il tous les habitants de la planète à « apporter argent, courage et leadership » à la lutte contre le Sida avant d'ajouter : « aucune somme d'argent n'est trop faible ».