Le phosphore facteur prédictif du décès par VIH en Afrique



Paradoxalement, en Afrique subsaharienne, les sujets infectés par le VIH connaissent un taux de décès non négligeable lors de l’introduction des antirétroviraux. La responsabilité en reviendrait au phosphore qui constitue ainsi un facteur prédictif de décès.

Pour mieux comprendre ce paradoxe, il faut remonter à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une pathologie assez surprenante avait alors été décrite : le syndrome de réalimentation. Parmi des prisonniers victimes d’une intense dénutrition, dans les semaines qui ont suivi la reprise d’une alimentation normale, de nombreux décès ont été enregistrés. La responsabilité en a été attribuée au phosphore. Au cours des privations, une carence s’était installée. Lors de la renutrition, les cellules avides de cet ion en provoquaient une forte déplétion sanguine responsable du décès.

C’est un mécanisme proche qu’évoque une équipe américano-zambienne pour expliquer les décès peu après l’instauration d’un traitement antirétroviral chez des Zambiens dénutris porteurs du VIH.
Douglas C. Heimburger et coll. ont enrôlé dans le cadre d’une étude observationnelle 142 adultes infectés par le VIH, à Lusaka (Zambie). Tous avaient un IMC < 16 kg/m2 et/ou un compte de CD4 + < 50 cellules/µl. Ils ont été suivis prospectivement au cours des 12 premières semaines de traitement antirétroviral.

La phosphorémie à l’enrôlement apparaît comme un facteur prédictif du risque de décès. Les participants toujours en vie à la 12e semaine avaient un taux médian de 1,3 mmol/l, alors que, parmi les sujets décédés, il se situait à 1,06 mmol/l. Pour chaque augmentation de la phosphorémie de 0,1 mmol/l, le risque de décès diminuait de 17 %.


› Dr G. B.