Maudit ARTHUR! Sois Maudit!

Tu es arrivé dans mon corps, dans mon sang, dans mes cellules,...sans crier "garde!"...
Tu m'as pris de court, c'était un traître geste, la pire des invasions!!!

Je commence par ne pas t'accorder l'importance que tu as. Je ne veux pas admettre que tu es là pour rester; que tu as choisi mon corps comme une de tes auberges, sans y être convié. Je t'ignore, tout en respectant tes exigences. Je ne me rend pas compte que tu vas me demander de plus en plus d'efforts; que tu vas m'infliger de plus en plus de souffrances; que tu es un petit être sans pitié! Tu prends, tu te sers, tu détruis, tu ne respectes pas la souffrance ou la douleur qui, par ailleurs, t'excitent...

Voilà que tu avances dans ta trajectoire morbide, diabolique, anarchique...
Tu me forces à te remarquer. Tu t'imposes. Tu dictes tes règles strictes, insupportables – et je me dois de les suivre, de les surmonter tant bien que mal. C'est...on ne peut plus sadique! Tu t'en fous, Arthur! Tu dois avoir raison de ta faim! Tu dévores mon corps petit-à-petit; tu prends abusivement mon énergie, ma joie, mon goût de vivre... Tu prends mon visage, mon corps, mon esprit, mes émotions, ma beauté. Tu me fais devenir une loque. Je dois subir tes caprices, tes jeux de cache-cache, tes ruses qui laissent croire pour quelques moments que tu as reculé – alors que tu as reculé pour mieux sauter et pouvoir crier haut et fort ta victoire morbide, ton besoin vital de destruction, tel un guerrier qui scalpe un ennemi désarmé...

Tu parviens à te cacher, à te reposer après une rude bataille. Enfin,...je peux respirer un peu! Enfin, j'ai l'impression de revivre. Enfin, JE VIS! Tu n'es plus présent: je n'ai plus de douleur; je ne souffre plus; je ris, je sors, je danse, je bois, je deviens presque insouciante. Je retrouve l'oxygène qui m'avait fait défaut pendant ces dernières années. Je ne suis plus malade. Je déborde d'énergie, de joie, de VIE!!! J'arrive même à communiquer tout cela... Qui pourrait croire que je suis malade? -Qui pourrait croire que toi, Arthur – petit être intelligent, vampire de mon sang – habites mon corps? Même ceux qui le savent, l'oublient déjà... On me voit vivre intensément, rire si volontairement, jouer comme une enfant... Comment peuvent les gens qui connaissent ton existence en moi se douter que tu restes actif, alors que, moi-même, j'ai l'air de l'oublier?...

Pourtant, tu es bien là! Toujours prêt à bondir! Attendant le moment favorable pour m'avoir au tournant! Tel un traître avide de vengeance...
Je le sais, vas! Crois-tu que je me voile la face ? Je parais t'ignorer mais, au moindre signe de faiblesse, c'est à toi que je pense, Arthur ! Je me dis aussitôt: "Et si c'était maintenant ? Et si les moments de trève étaient terminés ? N'ai-je, déjà, pas profité assez de ces moments de répit: sans douleur, sans souffrance ? Combien de tes hôtes ont eu ma chance ? Combien de temps leur as-tu accordé, à fin qu'ils puissent regoûter à la vie ?

Alors, je me dis que je suis peut-être une privilégiée!... Depuis plus de quatre mois, tu m'as "lâché la grappe". Juste quand j'ai cessé de te livrer bataille. Pour combien de temps ?
La bataille n'est pas finie, je le sais! La bataille ne sera jamais finie! Nous sommes condamnés à vivre ensemble ! Arthur et Marie, un couple on ne peut plus complice – je n'ai pas le choix, tu ne me laisses pas le choix!!! Mes quelques armes vont-ils suffire à vivre une longue vie avec toi? Tu es un être si rusé, si malin, si intelligent...auras-tu raison de moi ? Auras-tu raison de ma vie? Combien de vies faut-il à ton espèce ?

Maudit Arthur ! Maudit virus !