Avec 170 millions de personnes touchées dans le monde, 3 à 4 millions de patients nouvellement infectés chaque année et un potentiel évolutif vers une maladie sévère du foie (cirrhose, cancer), l’hépatite C représente un problème de santé publique majeur et mondial. Une fois dépistée, l’infection peut être traitée par une bithérapie (interféron et ribavirine) voire une trithérapie avec l’arrivée des antiprotéases, mais ces traitements sont lourds, coûteux, non dénués d’effets indésirables et ne guérissent qu’environ 70 % des malades.
Mettre un point un vaccin préventif est donc un enjeu majeur, mais aussi un défi compte tenu des difficultés techniques à surmonter : les protéines d’enveloppe (E1 et E2) du virus de l’hépatite C (VHC), susceptibles de conduire à la formation d’anticorps neutralisants, sont en effet quasiment impossibles à produire et à purifier. L’idée originale des auteurs est d’avoir contourné ce problème en utilisant la propriété des protéines d’enveloppe (S) du virus de l’hépatite B (VHB) qui elles s’auto-assemblent, formant des particules virales très immunogènes. C’est là le principe même du vaccin contre l’hépatite B.

Les auteurs ont mis au point des particules chimères associant des protéines d’enveloppe des deux virus, en remplaçant un domaine transmembranaire N-terminal de S par celui de protéines E1 et E2 d’un VHC de génotype 1a. L’injection de ces particules chimères a généré chez le rongeur une production d’anticorps capable de neutraliser des pseudoparticules virales de VHC, mais aussi de conduire à des taux d’anticorps anti HBs (anti VHB) équivalents à ceux obtenus après une vaccination contre l’hépatite B simple.
L’intérêt de ces travaux est double : d’une part ouvrir une piste pour résoudre le problème technique de la production d’un vaccin contre l’hépatite C, et d’autre part envisager la conception d’un vaccin bivalent contre les deux types d’hépatites B et C à la fois.
Cette bivalence serait d’un grand intérêt compte tenu des modes de transmission communs aux deux virus et du risque de coinfection dans certaines populations.