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 Cannabis thérapeutique

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sidaventure
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Cannabis thérapeutique

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Aujourd'hui de nombreux malades fument du cannabis, pour se libérer de douleurs ou de nausées, pour retrouver l'appétit, pour se détendre, pour dormir. Beaucoup sont porteurs du VIH. D'autres sont atteints d'hépatites, de cancer, de sclérose en plaque, d'arthrite, souffrent de crise d'épilepsie, ou encore d'autres maladies. Il est clair que le cannabis ne permet pas de soigner aujourd'hui des affections aussi complexes et qu'il n'est pas efficace notamment contre le sida, mais il permet à beaucoup de soulager des effets secondaires, de la maladie ou des traitements.

Ses vertus thérapeutiques ont à tel point été démontrées par leur utilisation qu'un certain nombre de pays ont fini par faire évoluer leur législation pour tolérer son utilisation à des fins médicales.

C'est le cas par exemple du Canada, de la Suisse, de la Belgique, des Pays-Bas, de la Grande-Bretagne, mais aussi d'un certain nombre d'Etats américains (la Californie, l'Arizona, l'Alaska, Hawaï, le Maine, le Nevada, l'Oregon, Washington), aujourd'hui en conflit avec la Cour Suprême des Etats-Unis, qui entend faire respecter son interdiction totale. En France en revanche, la situation paraît largement bloquée. Mais il nous a semblé utile quand même de faire un rapide état des lieux, non seulement des indications thérapeutiques ou des formes d'utilisation (illégales) qui semblent se dégager au fil des années, mais de la loi française et de la jurisprudence, et des initiatives associatives qui se font jour.

Ce tour d'horizon trop rapide ne remplacera pas ce dont nous avons besoin: un cadre législatif susceptible de valider l'usage médical du cannabis au lieu de le rejeter dans l'ombre; un marché qui nous garantisse des produits à teneur stable, qui ne soient pas coupés de toutes sortes de substances; un contexte qui favorise la recherche et la formation des médecins à son utilisation rigoureuse. Il n'a pas non plus pour but de faire sous quelque forme que ce soit la promotion d'un usage illégal d'une drogue illégale. Mais il est temps de commencer à faire état des pratiques de bon nombre de malades et des résultats de bon nombre de chercheurs étrangers. Depuis quinze ans, la liste d'indications thérapeutiques de cette plante ne cesse de s'étendre. Notre idée est plutôt de vous aider à établir un dialogue fructueux avec votre médecin, pour qu'il puisse vous conseiller sur la meilleure démarche thérapeutique.

Les indications thérapeutiques

Jusqu'en 1954, le cannabis est considéré comme une plante médicinale. Il possède des vertus analgésiques (il apaise des douleurs), anti-spasmodiques (sclérose en plaque), anti-convulsives (épilepsie), anti-inflammatoires, anti-vomitives, broncho-dilatatrices (asthme), vasodilatatrices (glaucome), relaxantes et somnifères. Les dernières recherches le mentionnent comme possible agent thérapeutique contre des maladies neuro-dégénératives (maladie de Parkinson). Ses qualités anti-prolifératives ont été démontrées en permettant la rémission de tumeurs cancéreuses au cerveau. Il n'a aucune activité antivirale ou antirétrovirale, et ne peut donc pas soigner à proprement parler le sida, mais il peut améliorer grandement la qualité de vie en diminuant de manière remarquable les symptômes et/ou les effets secondaires des traitements lourds.

Sa propriété la plus reconnue depuis longtemps est de stimuler l'appétit, et de redonner plaisir à manger. De nombreuses études mettent en évidence depuis longtemps un lien entre consommation de cannabis et augmentation de l'appétit et ce, même à long terme. Il permet donc de lutter contre la cachexie (une maigreur extrême) et de favoriser la prise de poids.

Les dernières recherches de GW Pharmaceutical (un laboratoire anglais qui travaille uniquement sur le cannabis thérapeutique) ont permis de prouver qu'il est possible d'annuler l'effet psychoactif tout en préservant l'intégralité des effets thérapeutiques. Beaucoup de personnes ne voulant pas en subir les effets psychoactifs pourraient quand même bénéficier des effets thérapeutiques. Il ne faut pas croire que plus on est «stone», plus «cela soigne».

Les contre-indications

La plupart des effets du cannabis sont facilement gérables ; aucun décès n'a été constaté à cause d'un surdosage de cannabis. En théorie, le rapport entre dose efficace et dose létale est de 1 à 40.000; comparé à l'aspirine, pour laquelle ce rapport est de 1 à 9, cela fait du cannabis un produit qui pourrait être prescrit par un médecin.

Le cannabis peut favoriser cependant des crises d'anxiété ou de paranoïa pouvant nécessiter dans certains cas (rares) une prise en charge psychiatrique lourde (on parle de psychose au cannabis). Précisons bien qu'il y a des périodes de fragilité (dépression, etc.) où le cannabis peut être plus risqué à utiliser. Il est important, avant d'envisager un usage thérapeutique régulier, de bien connaître ces risques afin de les prévenir ou de les minimiser. Toutefois, le cannabis est souvent aussi utilisé par les usagers de drogues comme «stimulant de la bonne humeur», et c'est là le paradoxe.

Fumé, et à plus forte raison mélangé à du tabac pour le consommer sous forme de « joint » ou de cigarette, il présente les mêmes types de risques ou de contre-indications que l'usage du tabac. Il existe des formes galéniques et /ou des modes de consommation qui permettent de pallier cet inconvénient (ex : inhalateur qui chauffent le produit sans le calciner), mais ils ne sont pas toujours accessibles en dehors des essais thérapeutiques menés par des laboratoires.

Galéniques et formes d'utilisation

Le cannabis est le plus souvent utilisé sous forme de résine (haschisch, «shit») ou de feuilles séchées («herbe»). Il peut être fumé, mélangé à du tabac ou non. La pipe permet de fumer du cannabis en petite quantité sans le mêler à du tabac. Sous forme fumée, le produit agit très rapidement, pour une durée moyenne, ce qui peut s'avérer adéquat pour soulager des nausées ou des douleurs.

Sous forme ingérée (tisanes, thé, gâteaux), le produit agit plus lentement mais pour une durée beaucoup plus longue. Attention, les effets psychotropes sont différents et beaucoup plus puissants à dosage égal que consommé fumé. Contrairement à la formule fumée, les hallucinations sont fréquentes, difficiles à gérer et parfois redoutables.

Certaines personnes recourent à des vaporisateurs utilisés en aromathérapie, mais de façon expérimentale. Ce mode d'administration, comme celui des spray actuellement développés dans les essais thérapeutiques, permet d'exploiter toutes les propriétés de la plante, sans pâtir des problèmes liés à la fumée.

Les essais thérapeutiques

En France En juin 2001, Bernard Kouchner, alors ministre délégué à la Santé, annonçait des expérimentations thérapeutiques sur le cannabis en France. Deux programmes hospitaliers de recherche clinique ont depuis été attribués au service de médecine interne du centre Monte-Cristo (Hôpital européen Georges-Pompidou), dirigé par le Pr. Le Jeune, et au service de neurologie du Pr. Catherine Lubetzki à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ces essais sont en cours et sont toujours ouverts (voir Protocoles 28 qui sortira début mai).

En Grande-Bretagne Début mars 2003, le laboratoire britannique GW Pharmaceuticals et le fabricant d'aérosols français Valois ont annoncé leur intention de mettre sur le marché anglais, dès la fin de l'année, le premier médicament à base de cannabis. Ce produit est dans sa dernière phase d'étude en Angleterre et attend son autorisation de mise sur le marché. Il s'agit d'un spray sublingual faisant l'objet d'une dizaine d'essais cliniques.

Que dit la loi en France? Le cannabis est classé parmi les stupéfiants depuis la convention de Genève en 1925, il s'agit donc d'une substance dont l'usage, la cession (le don), l'incitation, la vente et la production sont interdits. La loi française en matière de drogue est inspirée des conventions internationales qui classent le cannabis parmi les substances vénéneuses dépourvues de tout intérêt médical. C'est pour cette raison que l'utilisation du chanvre à des fins thérapeutiques reste si difficile en France.

Actuellement, la législation française, qui date du 31 décembre 1970, punit l'usage de cannabis de deux mois à un an de prison et jusqu'à 3 800 euros d'amende, et la cession ou l'offre en vue d'une consommation personnelle de cinq ans de prison et environ 76 000 euros d'amende. La cession est également punie par la loi.

Se fournir en cannabis en France, au marché noir, ou bien à l'étranger vous met donc en situation d'illégalité. L'autoproduction (la culture de plants de cannabis à la maison ou dans votre jardin) n'est pas non plus autorisée. Au minimum, elle peut vous faire tomber sous l'accusation d'usage ; si les quantités cultivées paraissent importantes, vous risquez d'être accusé de trafic.

Il faut noter que le trafic est punissable d'une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité, ce qui place, en droit, la question des drogues au même niveau que celles du terrorisme et du proxénétisme (lois d'exception). Ce genre de condamnation peut donc être un motif de refus de suspension de peine.

Enfin, il faut rappeler une mesure législative toute récente, qui n'est pas sans conséquence pour les personnes faisant usage de cannabis ou de n'importe quel stupéfiant: en janvier 2003, l'Assemblée nationale a adopté une loi punissant la conduite automobile «sous l'influence de stupéfiants» de deux ans de prison et 4500 euros d'amende. Or il est important de savoir que la consommation de cannabis peut laisser des traces dans les urines jusqu'à sept semaines.

La jurisprudence

En mai 2001 le Tribunal administratif de Paris rejetait une requête déposée par le MLC (Mouvement de Légalisation Contrôlée), concernant l'importation de dix kilogrammes d'herbe de cannabis destinés à soulager les douleurs de dix personnes atteintes de maladies incurables. Le rejet invoquait une incompatibilité avec la Convention internationale de 1961 qui réprime l'importation de substances classées comme stupéfiantes, et déniait d'autre part au MLC la capacité à exercer un «contrôle scientifique et administratif» sur l'usage de cannabis à des fins médicales.

Le 12 septembre 2002, un Marseillais de 50 ans, séropositif depuis dix-sept ans, a été condamné par le Tribunal correctionnel de sa juridiction à dix mois de prison avec sursis et cinq ans de mise à l'épreuve pour avoir cultivé du cannabis. Ses 34 plants ont été saisis et détruits par la police. Epuisé par un traitement de vingt comprimés par jour, il fumait tous les deux ou trois jours pour retrouver l'appétit. Il a fait appel.

Le 27 juin 2002, un arrêt qui fait jurisprudence a été rendu par la Cour d'appel de Papeete, en Polynésie française. Celle-ci a relaxé un homme de 55 ans, paraplégique, qui confectionnait des tisanes au cannabis pour calmer ses douleurs. Le Tribunal de Grande Instance l'avait condamné à six mois de prison pour avoir détenu 305 pieds de cannabis dans son jardin. Mais la Cour d'appel s'est appuyée sur l'article 122-7 du code pénal qui spécifie «n'est pas pénalement responsable la personne qui face à un danger actuel accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne » pour relaxer sa « consommation de cannabis (...) nécessaire à la sauvegarde de la santé».

PRISAM (Patients et Réseaux d'Information Sur une Alternative Médicale) L'association PRISAM milite pour la reconnaissance de l'usage thérapeutique du cannabis. Son but est de mettre en place un réseau d'information et d'entraide regroupant patients et médecins. Peuvent en devenir adhérentEs: les personnes souffrant de maladies, douleurs ou effets secondaires pour lesquels le cannabis peut être employé, les membres du corps médical.

Son principe est de faire en sorte que les médecins de patients qui demandent à être soignés avec du cannabis interdit en France les adressent vers des confrères à l'étranger. Dans les pays où le cannabis thérapeutique est légal, sa prescription se fait de façon très prudente, en fonction d'un diagnostic médical précis, et ne peut être faite que par des professionnels du sujet.

Deux réseaux PRISAM existent déjà: l'un, en région Rhône-Alpes, travaille avec des médecins suisses; l'autre, en Bretagne, travaille avec des médecins anglais. Une troisième antenne est en cours de constitution en Ile-de-France, et ses membres pourront s'adresser à des médecins belges ou hollandais.
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