Résultats de l´essai TITAN évaluant l´efficacité et la tolérance à 48 semaines du darunavir comparé au lopinavir

Dr Karine LACOMBE

Le darunavir (prescrit sous forme boostée par du ritonavir) est la dernière antiprotéase commercialisée pour le traitement des patients infectés par le VIH et en multi-échec virologique. Les essais POWER I et II qui ont permis au laboratoire d´obtenir l´AMM concernaient des patients avec très peu d´options thérapeutiques chez qui le darunavir était comparé à un traitement optimisé (comprenant entre autre du lopinavir et / ou de l´enfuvirtide, mais pas seulement). Cependant, l´évaluation de la tolérance au long cours de cette molécule a été rendue très difficile à cause du grand nombre d´échecs de traitement chez les patients du bras « optimisation de traitement ». C´est pourquoi les objectifs de l´essai TITAN étaient d´évaluer l´efficacité et la tolérance au long cours du darunavir chez des patients présentant une infection par le VIH moins évoluée, comparé au lopinavir qui reste à ce jour l´antiprotéase de référence. Cet essai en double aveugle a concerné 595 patients randomisés dans deux bras de traitement (darunavir 600/100 mg deux fois par jour versus lopinavir 400/100mg deux fois par jour) et suivis pendant 48 semaines. Parmi ceux-ci, 31% n´avaient jamais reçu d´antiprotéase et 82% présentaient une sensibilité conservée à au moins 4 antiprotéases. En analyse per protocole (seuls les patients ayant pris leur traitement pendant 48 semaines ont été analysés), 77% des patients sous darunavir présentaient une charge virale inférieure à 400 copies/mL, versus 68% des patients traités par lopinavir, soit une différence significative de 9%, montrant la non infériorité du darunavir par rapport au lopinavir. En analyse en intention de traiter (prenant en compte tous les patients randomisés), cette différence était de 10% (77% versus 67%), là aussi significative, établissant la supériorité du darunavir sur le lopinavir. L´analyse des arrêts de traitement pour échec virologique a montré un plus grand nombre d´arrêts chez les patients traités par lopinavir (22% versus 10%), avec chez ces patients, l´apparition d´un nombre de mutations primaires sur la protéase et sur la transcriptase inverse plus important. La tolérance a été semblable dans les deux groupes de traitement. Cet essai est le premier montrant la non infériorité, voire la supériorité d´une antiprotéase, le darunavir, comparé au lopinavir, l´antiprotéase de référence depuis de nombreuses années. Ces résultats s´accompagneront probablement d´une adaptation des recommandations de prise en charge thérapeutique du VIH en 2008.