L’hépatite C fait partie de ces (trop rares) maladies dont on apprend surtout de bonnes nouvelles. Aujourd’hui, « deux patients sur trois » peuvent espérer parvenir à la guérison et « on pourra vraisemblablement guérir tous les malades à moyen terme grâce aux nouveaux médicaments en cours de développement » se félicite le professeur Patrick Marcellin (hôpital Beaujon) président de la sixième édition du congrès sur l’hépatite qui se déroule ces 14 et 15 janvier à Paris. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas si sûr.
Parce que les traitements actuels et efficaces nécessitent une prise en charge longue et complexe, réalisée en milieu hospitalier, qui nécessite un fort investissement en terme d’argent et de personnel. Or, aujourd’hui, de nombreux centres peineraient à répondre à l’ensemble des patients en attente, tandis que l’on estime à au moins 90 000 le nombre de personnes porteuses d'une hépatite C non dépistées.

Aussi, les équipes sont-elles contraintes de faire des choix cornéliens : « Dans l'impossibilité de traiter tous les patients qui se présentent (et encore moins ceux qui devraient se présenter) elles sont obligées de privilégier les plus sérieusement atteints » expliquent dans une tribune publiée hier plusieurs spécialistes de l’hépatite C. « La conséquence est un risque de perte de chance pour les autres, dans un pays pourtant reconnu pour l' accessibilité financière aux traitements et la qualité de ses équipes de soins » déplorent encore ces praticiens. Aussi, appellent-ils les pouvoirs publics à s’emparer de cette question pour assurer un meilleur accès aux soins, afin que la France, qui présente aujourd’hui d’excellents résultats en matière de prise en charge de l’hépatite C, continue à offrir la même qualité de traitement. Ils notent qu’un tel effort entraînerait sans doute à court terme des coûts importants, mais certainement inférieurs à moyenne échéance aux coûts liés au « traitement d’une cirrhose, d’un cancer du foie ou d’une transplantation hépatique ».

Les principaux signataires de cette tribune sont les Pr Patrick Marcellin, (hôpital Beaujon à Clichy), Dominique Larrey et Georges Pageaux (CHU Saint-Eloi à Montpellier) et le Dr Pascal Melin, président de l'association SOS Hépatites-Fédération.