On savait que la circoncision réduit le risque de contracter l’infection à VIH par l’homme. Une étude donne une explication complémentaire : la circoncision modifie l’écosystème bactérien - aussi nommée microbiome - du pénis et notamment réduit les bactéries anaérobies pro-inflammatoires.

« LE MICRO-ENVIRONNEMENT anoxique dans l’espace sous-prépucien est favorable au développement des bactéries pro-inflammatoires, qui peuvent activer les cellules de Langerhans, cellules présentatrices du VIH au CD4 dans les ganglions lymphatiques. De ce fait, la réduction des bactéries anaérobies après la circoncision peut jouer un rôle dans la protection contre le VIH ou même d’autres maladies à transmission sexuelle. »
Ainsi, ce mécanisme s’ajouterait à ceux déjà décrits en association à la circoncision, qui sont la kératinisation de la muqueuse du gland et la réduction de la surface muqueuse pénienne exposée aux sécrétions vaginales.
Lance Price et coll. ont analysé les microbiotes (bactéries qui peuplent le microbiome) du pénis de 12 hommes ougandais séronégatifs avant et après leur circoncision. Les bactéries les plus représentées, quel que soit le statut par rapport à la circoncision, sont les familles des Pneudomonas et des Oxalobacter. La modification significative qui intervient à la suite de la circoncision ne les concerne pas, mais il se produit une réduction importante des familles anaérobies. En particulier, on remarque que deux familles - des Clostridiales et des Prevotella - ne sont abondantes que chez les hommes non circoncis. « Dans ces familles, nous identifions de nombreuses bactéries du genre anaérobie, associées à la vaginose bactérienne : Anaerococcus spp., Finegoldia spp., Peptoniphilus spp. et Prevotella spp. », remarquent Price et coll. Ce qui est cohérent avec les observations montrant une réduction des vaginoses bactériennes chez les femmes dont le partenaire est circoncis.
L’étude s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet de décryptage du microbiome humain, c’est-à-dire des collectivités de microbes qui existent à l’extérieur comme à l’intérieur du corps humain, projet mené à l’initiative du NIH américain, en utilisant des outils de biologie moléculaire.